The creation of the Popenguine Nature Reserve is relatively recent, in that it was established only in 1986 ; and until recently, was the latest addition to the network of senegalese parks and reserves, set up to ensure the perpetuity of the country’s natural heritage.
In actual fact, the history of this space, declared « protected reserve », dates much further back, since it had already had the status of a forest reserve for 50 years ( from 1936 to 1986). The actual Popenguine Nature Reserve is therefore a substitute creation, which indicates the evolutionary stage of functions of conservation affected to this space. The different evolutionary stages are the following:
At Popenguine village, further to the creation of a Nature Reserve, a women’s organization was spontaneously set up in 1988, in order to contribute voluntarily to the achievement of conservation objectives. From that time onwards, this original attitude started an experiment in collaboration between a Government technical department, National Parks, and a local organization operating in the specific domain of conservation, in such a way as to restore biodiversity in a degraded area. The fact that rural women, without technical training nor any particular environmental aptitude, should be the instigators of the movement constitutes a founding case in Senegal, where the relationship between those responsible for conservation and populations bordering on reserves has often been conflictual.
This initiative led to the assumption of responsibility by the women, who have organized themselves into an economic interest group, with official responsibility for supervision of the Nature Reserve. Moreover, protection activities which favour conservation are no longer limited to the Reserve itself, but also involve the territory bordering the Reserve, the whole forming a Further to the creation of a Nature Reserve, a women’s organization was spontaneously set up in 1988, in order to contribute voluntarily to the achievement of conservation objectives. From that time onwards, this original attitude started an experiment in collaboration between a Government technical department, National Parks, and a local organization operating in the specific domain of conservation, in such a way as to restore biodiversity in a degraded area.
Introduction
La Réserve Naturelle de Popenguine a bénéficié d’un statut de forêt classée pendant cinquante ans, de 1936 à 1986. Elle apparaît donc plus ancienne en tant qu’espace protégée. En effet l’actuelle Réserve Naturelle de Popenguine est une création de substitution marquant l’étape actuelle de l’évolution des fonctions de conservation affectées à cet espace.
C’est en 1986, qu’un décret présidentiel officialise la création de la réserve pour assurer la pérennité du patrimoine naturel vivant. La particularité de cette Réserve est qu’elle a une partie continentale et une partie marine, sur un demi-mille (925 m) vers le large. C’est donc une Réserve à la fois continentale et marine.
Mais il faut rappeler que la création de la Réserve tient essentiellement sur l’initiative d’un homme, M. Charles Rouchouse, chercheur à l’ORSTOM dont le travail sur le terrain, la perspicacité et la ténacité pendant plusieurs années (1982-1986 d’abord, poursuivi de 1986 à 1989 ensuite) ont convaincu les responsables techniques et administratifs de donner une nouvelle vocation à la partie Sud de la Forêt classée de Popenguine, fortement dégradée malgré la protection officielle dont elle jouissait.
Cette initiative pionnière a servi de catalyseur localement. Elle sera confortée par les nouvelles idées et approches en matière de gestion des aires protégées, adoptées par la Direction des Parcs Nationaux, qui insistent désormais sur l’implication des populations proches à la gestion des territoires de conservation.
A l’image de la Réserve naturelle dont la création est imputable en grande partie à une initiative individuelle, le mouvement à la base qui donnera une identité particulière à cette Réserve en l’accompagnant sera essentiellement suscité par une femme ayant bien intégré le message de sensibilisation émis à l’époque par les responsables locaux de la conservation.
Cependant, la première réaction d’organisation suite à la mise en place de la nouvelle Réserve est venue de Guéréo dès 1987, grâce à l’appui de quelques bonnes volontés du village. L’ampleur et la continuité du mouvement demeureront malgré tout confidentielles.
En décembre 1988 à l’instigation d’une femme de Popenguine, Wolimata Thiaw, une Assemblée Générale constitutive du “Comité d’Investissement des Femmes de Popenguine pour la Protection de la Nature” réunit 246 femmes du village. Quelques-unes parmi elles (119) structurent l’organisation en élisant un bureau qui va prendre appui sur la Réserve pour mobiliser les femmes dans l’action environnementale. Celle-ci ciblera des thèmes comme les techniques de pépinières et le reboisement.
Le mouvement est désormais lancé avec la préséance du village de Popenguine dont le rôle leader ne se contestera plus ; la mobilisation se maintiendra dans son cadre unitaire, se renforcera en améliorant les compétences techniques de ses membres et, surtout, gardera pendant plusieurs années un comportement bénévole induisant une option pour des activités sans profit économique immédiat. Pourtant ses membres ne disposaient pas de revenus et n’exerçaient pas d’activités rémunérées !
Activités
Situé géographiquement entre Guéréo et Popenguine, la Réserve (1000 ha) occupe une position en hauteur où s’étendent des cuirasses latéritiques impropres à un usage agricole. Cette particularité avait déjà favorisé l’établissement d’une forêt classée en 1936. L’absence de vocation agricole ne supprime cependant pas d’autres fonctions remplies par le territoire occupé par la Réserve.
Ainsi en une douzaine d’années de nombreux projets, programmes ou activités, à caractère environnemental d’abord, puis à souci de développement nettement affiché, ont été initiés. Ils ont contribué tous à la mise en place d’une dynamique aboutissant au contexte de mobilisation actuel.
Ces éléments sont l’œuvre de partenaires multiples, parmi lesquels on comptait l’ancien Chef de l’Etat sénégalais, Abdou Diouf, qui a apporté un soutien effectif aux femmes de Popenguine. Ils indiquent aussi, par leur diversité, le grand intérêt suscité par la Réserve et les personnes qui la réhabilitent. Parmi les partenaires de projets autour de la réserve on peut citer : ORSTROM, Peace Corps, USAID, JOCV, FEM, BIOSEN, Réseau Afrique 2000, Scouts de France, Apprentis d’Auteuil etc.
Beaucoup d’autres partenaires exercent une intervention indirecte autour de Popenguine en insistant davantage sur les approches de nature économique ou sociale (pêche, artisanat, transformation des produits, santé, insertion sociale…). Cela souligne ainsi la polarité particulière de Popenguine axée depuis plus de dix ans sur l’environnement et le développement.
1987 | Installation d’une clôture autour de la Réserve. Mise en place du Conseil de gestion de la Réserve. |
1988 | Réunion Conseil de gestion (objets de discussion : digue, achèvement de la clôture, lancement d’un bulletin, appellation de la Réserve…). A.G. constitutive du “Comité d’Investissement des Femmes de Popenguine pour la Protection de la Nature”, objectif : aménagement de la Réserve et reboisement (246 femmes présentes). |
1989 | Statuts et création du Regroupement des Femmes de Popenguine pour la Protection de la Nature (RFPPN) intervenant dans la Réserve naturelle. Formulation de projets: volontaire du Corps de la Paix; construction de la digue de Popenguine; tourisme intégré; construction de la case d’information. |
1993 | Réalisation de la Case de réunion. Réalisation de la digue de Popenguine. |
1994 | Organisation de chantiers et ouverture de pistes pédestres par les Volontaires. Repiquage de la mangrove (Somone et Nougouma). |
1995 | Finition du Campement touristique.1996. Constitution du Collectif des Femmes de Popenguine pour la Protection de la Nature (COPRONAT). Signature du Protocole d’Accord. |
1997 | Démarrage du Programme de développement “Kër Cupaam”. |
1998 | Réalisation de la digue de Guéréo (par les Volontaires locaux). |
Après plus de dix ans, les actions entreprises à Popenguine ont permis de constater qu’un milieu appauvri pouvait être réhabilité, par la restauration de ses habitats, et resservir aux économies locales.
Ainsi, des espèces végétales et animales (guib, hyène, chacal, porc-épic, singe vert, pintade…) dont la présence était insoupçonnée sont réapparues. Cela a permis une lente reconstitution de la biomasse des plantes qui pourront ultérieurement servir de pépinières dans la perspective d’une reconquête d’autres milieux dégradés proches.
Par ailleurs, la création de la Réserve a abouti à une responsabilisation des femmes responsables de la mobilisation communautaire. Organisées en groupement d’intérêt économique, elles sont désormais chargées officiellement de prérogatives de surveillance de la Réserve naturelle. En outre, les actions de protection en faveur de la conservation ne se limitent plus à la seule Réserve mais intéressent aussi les terroirs riverains qui forment ensemble un “Espace naturel communautaire”. De ce fait, l’aire protégée et les espaces communautaires ne font plus qu’un ensemble. L’idée de ne pas discriminer la Réserve de ses terroirs mitoyens est venue principalement des populations à la base. Il s’agit là de la mise en place d’un mode de perception et d’organisation d’un espace qui va tenir compte d’un souci de conservation et, évidemment, de développement intégré pour les populations.
Réussites (Achievements)
L’espace naturel communautaire a été conceptualisé comme un espace intégrant une zone intégralement protégée et des terroirs riverains optant pour la prolongation des effets de la conservation.
Il comprend au total les terroirs des huit villages situés dans le pourtour de la RNP ainsi que la Réserve. Ainsi, en une dizaine d’années, on est passé par étapes d’une implication bénévole à des actions dont les répercussions s’observent aux plans structurel, économique, environnemental et territorial :
Cela donne des exemples de l’impact de l’élargissement de la conservation en direction des jeunes. Par ailleurs, il est admis que ces jeunes volontaires représentent la relève et, par conséquent, une garantie de pérennité des actions.
Les compétences accordées par l’Etat du Sénégal, grâce au Protocole d’Accord, ont imposé de nouvelles responsabilités au COPRONAT. La délinquance écologique (braconnage végétal surtout, accessoirement animal) apparaît en forte baisse dans la Réserve en raison de la surveillance exercée par les femmes et les volontaires. Les “braconniers” récidivistes arrêtés, traduits à la gendarmerie, sont verbalisés et le produit des transactions encaissé par le Comité de gestion du Collectif.
Pour le moment, les permis de visite de la RNP ne sont pas encore délivrés ; la formation au guidage et la reconstitution de la faune, toutes deux insuffisantes, ne le justifient pas.
Forces et Faiblesses du Projet (Enseignements)
La mobilisation sociale réalisée autour de Popenguine en prenant appui sur les femmes a montré une force d’entraînement remarquable qui s’observe dans les retombées organisationnelles et populaires. Toutefois, il convient de ne pas perdre de vue la rémanence de quelques faiblesses structurelles susceptibles d’affecter le Collectif des groupements féminins.
La première concerne le très fort dynamisme du RFPPN par rapport aux autres G.I.E. du COPRONAT. Par son antériorité, son organisation efficace et une certaine sécurité financière, il occupe une position dominante qui doit être corrigée par un effort de rattrapage des autres groupements.
La seconde se trouve à l’intérieur même du RFPPN dont la plupart des commissions techniques ont une tonicité appréciable alors que d’autres marquent le pas pour des raisons conjoncturelles le plus souvent:
Les faiblesses décelées renvoient à des problèmes de coordination, à gérer par conséquent, pour éviter les contraintes auxquelles elles pourraient conduire.
L’originalité dans l’approche de gestion de la Réserve Naturelle de Popenguine réside moins dans le fait qu’il s’agit au départ d’un écosystème très dégradé, en cours de restauration par simple mise en défens, que parce qu’elle constitue un exemple peu commun de la participation active et volontaire d’une population riveraine à la réalisation d’un objectif de gestion d’une aire protégée.
La participation des femmes à la gestion d’une Réserve naturelle est une expérience inédite au Sénégal et, probablement aussi, en Afrique. Le cachet populaire et l’empreinte des femmes fondent l’originalité du programme de conservation de cette Réserve. Le mouvement concerne huit villages autour de la Réserve ; ce sont en majorité des femmes, parmi les plus dynamiques de l’espace communautaire, qui se sont impliquées.
L’initiative de ces femmes, encouragée par les hommes et appuyée par un corps de jeunes volontaires, est bien structurée. Les G.I.E. montés par les femmes dans chaque village appartiennent à la nouvelle génération des formes d’organisation en milieu rural nées dans le contexte du désengagement de l’Etat sénégalais. Il s’agit de structures simples, légales, compétentes dans tous les secteurs d’activités et qui ont accès au crédit ou à l’assistance financière directe de l’extérieur.
Réplicabilité
La reproduction de “l’expérience Popenguine” ressort toujours, dans les études consacrées à cet espace, comme une préoccupation constante.
Toutefois quelques éléments d’appréciation devraient être considérés. L’identification des conditions de facilitations est un pré-requis a toute reproduction d’une action.
Dans le cas de «la réserve naturelle de Popenguine» l’approche organisationnelle a bénéficiée d’importantes conditions.
Le reste est relatif à la capacité d’adaptation à un contexte spécifique à chaque région.
Pérennité (Sustainability)
Après une décennie de mise en réserve et de collaboration “réussie” entre une structure administrative et des populations locales, il reste encore difficile d’établir des conclusions définitives, même si les tendances identifiées vont dans le sens des motivations retenues par son initiateur, lors de la création de la Réserve. L’expérience conduite a révélé une orientation très positive aux plans écologique et communautaire puisque cette Réserve a bénéficié d’une part d’un effet de protection permettant une remontée biologique prometteuse et, d’autre part, elle a suscité une collaboration continue avec une fraction déterminée de la population locale qui s’est vue responsabilisée en fin de compte. La sensibilisation environnementale en a donc largement profité dans la mesure où aucun conflit n’est venu perturber la collaboration entre les responsables administratifs de la conservation et les représentantes des populations locales.
Quelques éléments demeurent cependant en dessous des objectifs initiaux. La valorisation économique destinée à mettre en place des solutions d’utilisation durable des ressources naturelles locales attend encore d’atteindre son plein développement mais tous les éléments sont en place. Le campement touristique qui doit appuyer la création de quelques emplois permanents est opérationnel à Popenguine ; toutefois il reste unique et, de plus, les activités complémentaires (guidage touristique, artisanat…) destinés à accompagner le processus ont un niveau de réalisation relativement faible pour le moment. Ceci tient à une fréquentation touristique encore modeste, justifiée par le niveau de remontée biologique insuffisant ; toutefois, l’avenir demeure extrêmement encourageant.
En périphérie de la Réserve, la mobilisation communautaire initiée par les femmes a produit quelques uns des résultats “inattendus” escomptés par Rouchouse en 1986. Par une démarche purement empirique, des réalisations réconciliant leur volonté de protection de leur milieu de vie (environnement) et de préservation de leurs moyens de vie (développement) ont pu être menées, suscitant l’admiration auprès des milieux sénégalais avertis des questions environnementales.
Aujourd’hui des demandes de collaboration exprimées partout au Sénégal peuvent s’inspirer de l’expérience de « la réserve naturelle de Popenguine ». D’ailleurs d’autres initiatives similaires sont en cours (Dindefello, Yenne, ou Nianing) ou en consolidation (Somone). Elles facilitent la fonction entre les écosystèmes marin et terrestre.
Le contexte de privatisation, manifestée par l’intervention d’investisseurs privés dans un secteur jusqu’ici monopolisé par l’état est une sorte de renfort de la dynamique. L’investisseur agissant au nom de l’Etat est donc relayé par le secteur privé dont l’intérêt est le même que ceux des populations.
Woulimata Thiaw
Regroupement des Femmes de Popenguine pour la Protection de la Nature (RFPPN)
BP 10, Popenguine, Sénégal
Tél./Fax: +221 33 956 49 51
Email: kcupaam@orange.sn
Paul Ndiaye
Département de Géographie
Faculté des Lettres et Sciences Humaines
Université Cheikh-Anta-Diop
Dakar – Fann, Sénégal
Tél: +221 33825 36 49
Fax: +221 33825 48 05
Email: ise@ucad.sn
Lt Babacar Diop, Conservateur
Réserve Naturelle de Popenguine
BP 10, Popenguine, Sénégal
tel: 00221 33 957 72 51
mobile : 00221 77 655 41 48
fax : 00221 33 951 72 52
E-mail : rnpopenguine@gmail.com
Emmanuel Seck
Programme Manager
Enda – Energy Environment Development Program
BP 3370 Dakar, Senegal
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