En 2002, avec le concours du Projet igname de la Faculté des sciences du l’Université d’Antananarivo sous le financement du FADES, un inventaire des espèces d’igname à été fait dans la région. Des essais de culture ont été fait à partir de l’année 2004 dans différentes localités dont les caractéristiques physiques du milieu sont différentes. Durant ces années d’expériences, des accompagnements socio-organisationnels et techniques ont été donnés aux producteurs ; différents ouvrages et outils ont été produits par exemple une fiche technique de culture, un livret de recette à base d’igname, des posters sur les avantages et le mode de culture, un album, etc…
Depuis 2006, plusieurs organismes d’appui travaillant dans la région se sont donnés la main pour répandre la culture dans toute la région notamment dans les communes où la forêt et le sol sont plus menacés.
Des nouvelles techniques culturales ont été expérimentées et sont pratiquées par les producteurs comme l’association de culture igname et niébé (Vigna unguiculata) ou igname- maïs – niébé. Le niébé protègent beaucoup plus le sol grâce à ses aspects rampants qui couvre très rapidement le sol et qui reste verte durant tout le cycle végétatif de l’igname. Il participe ainsi au maintien de l’humidité et ameublit le sol à travers son enracinement profond et puissant. Ceci améliore ainsi la productivité de l’igname qui peut aller jusqu’à 20kg/ pied même si la précipitation est insuffisante.
Répartition zones de culture d’igname dans le Menabe selon l’intensité de la pratique culturale
Les menaces écologiques sont importantes avec la pratique de la cueillette d’igname. D’une part, la pression exercée sur certaines espèces d’ignames les plus appréciées aboutit à un danger de disparition des espèces. La cueillette et la culture d’igname ne vont pas de pair. D’autre part, les techniques de déterrage utilisées laissent une excavation importante lors de la cueillette. La restauration paysagique après les exploitations n’est pas connue. De plus la flore et la faune des zones de collecte sont perturbées par la collecte des ignames car les trous ne sont pas bouchés après le déterrage.
La recherche
Etant un organisme de développement œuvrant dans le domaine du renforcement de capacités des acteurs, SAHA développe des partenariats dans la recherche de voies et moyens permettant de répondre au mieux les besoins de ses partenaires.
En vue de valoriser la culture de l’igname, SAHA s’est basé sur les résultats des études ethnobotaniques de la Faculté des Sciences de l’Université de Antananarivo réalisées dans ses zones d’intervention avec la collaboration du projet Fonds d’Appui au Développement de l’Enseignement Supérieur (FADES). Les résultats ont permis à SAHA de mettre en place un réseau d’essais de recherche-action en partenariat avec les paysans et l’Université.
Dans la zone de SAHA, l’inventaire a montré l’existence de 12 espèces d’ignames dans le Menabe et 8 sur les Hauts plateaux dont 2 (Dioscorea alata et Dioscorea bulbifera) ont fait l’objet de culture avant l’introduction dans le pays de la patate et du manioc. A l’issue de la recherche-action, le D.alata a été retenu car produisant un gros tubercule comestible. Le D.bulbifera est surtout utilisé en médecine traditionnelle. Les autres espèces sont sauvages et demandent une période relativement longue de domestication.
Essais d’adaptation
L’igname était consommée comme un produit de cueillette surtout durant la période de soudure. Il fallait donc installer des essais d’adaptabilité aux conditions agro écologiques et faire des tests d’acceptabilité de la culture.
Des essais d’adaptation délocalisés, en milieu réel des paysans (environnements écologique, culturel, économique et social), ont été menés dans les différents sites. Les dispositifs permettent de voir comment les espèces se comportent dans les nouveaux milieux et environnements d’accueil. La comparaison des résultats obtenus entre différents dispositifs aide à la prise de décision quant aux alternatives à prendre / à développer. Ce procédé livre des résultats fiables et acceptés par les producteurs appuyant une meilleure appropriation par la suite.
Des essais de culture de Dioscorea alata en provenance de Brickaville et de certaines espèces sauvages préférées par les populations locales ont été menés à Beroboka dans la Région du Menabe..
Les expériences sur les espèces sauvages n’étaient pas concluantes.
Phase d’adoption
Après une ou deux campagnes de culture d’ignames selon les zones, la culture est intégrée dans le système d’exploitation des ménages. De 2005 à 2007, les ménages de Beroboka ont passé de quelques pieds d’ignames à une centaine de pieds d’ignames cultivés.
Phase de diffusion
Dans les zones nouvellement conquises par la culture d’igname dans le Menabe, la diffusion est engagée. Les bons rendements motivent les producteurs et attirent les nouveaux adhérents. Des mécanismes de diffusion horizontale de la culture se développent. Ceux qui ont cultivé donnent des semences aux voisinages qui en font demande.
Malgré ce fort élan dans l’adoption de la culture, le problème des semences reste encore insoluble. Les quantités de semences par ha sont considérables (3 T/ha). Pour les sols très fertiles où on peut se permettre des densités très élevées, la quantité de semences dépasse de loin les 3T. La culture a été diffusé à différentes communes et district de la région du Menabe.
Information et sensibilisation
Une forte campagne d’information – communication sur l’igname et sur sa culture s’est avérée indispensable pour les populations des zones cibles. Elle aide les populations à découvrir à nouveau ou à mieux connaître l’igname.
Elle peut être, par exemple, renforcée d’une campagne de sensibilisation sur les qualités et avantages de la culture d’igname et de l’igname par rapport aux autres produits agricoles. Parmi les activités d’information – communication sur l’igname figurent:
Formations et appui-conseils de proximité des populations et des producteurs
A la demande des organisations (organisations paysannes, communautés des Fokontany ou Communes), des séances de formation directes aux producteurs ont été organisées sur leurs sites.
Les thèmes les plus sollicités portent sur: 1) les techniques culturales (la pré germination, la préparation des sols, la plantation et les entretiens), et 2) les actions post-récolte (transformation, conservation).
Appui à l’organisation des producteur
La réussite et la pérennité d’une action d’innovation ou de développement menée au profit d’une communauté rurale sont, en général, fonction de type et ou de niveau d’organisation interne aux producteurs ou à la communauté. L’organisation n’est pas nécessairement formalisée.
Un organisme de développement n’aurait pas les moyens pour gérer tout le processus de l’action, de l’information à l’organisation de campagne de déterrage en passant par les différentes actions de sensibilisation et de renforcement de capacités. L’activité ignames n’a pas organisé des campagnes de renforcement de capacités en matière d’organisation mais elle a invité les paysans à mieux valoriser les acquis des formations antérieures développées en collaboration avec le Programme SAHA.
Appui à la collaboration avec les communeLa participation de la commune consiste à mettre en place des conditions favorables au développement de la culture d’igname par les producteurs. Ces conditions concernent:
Institution | Domaines / thèmes d’intervention / activités |
MAEP | Protection des plantes |
Faculté des Sciences ESSA – Université d’Antananarivo | Inventaire des espèces, appui-conseils, formation des paysans, encadrement thèses et mémoires |
FOFIFA | Domestication et transformation des ignames |
Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris | Systématique et propriétés organoleptiques des ignames |
CIRAD | Analyses agronomique, génétique et biotechnologique et informations |
IRD | Approfondissement des connaissances sur ignames sauvages |
Centre Technique Horticole d’Antananarivo (CTHA) | Multiplication in vitro |
CORUS (Coopération pour le Renforcement de la Recherche Universitaire Scientifique) | Approfondissement des connaissances des ignames cultivées |
Communes | Information, mobilisation et sensibilisation, stratégie de pérennisation |
Projets et ONG de développement | Encadrement des paysans, formation, diffusion (Madagascar national parks, ONG Fanamby, ONG Saragna…) |
Associations paysannes | Mise en œuvre des cultures, encadrement des membres |
Paysans de Brickaville | Approvisionnement des semences |
La pratique de la culture d’igname a permis aux ménages de trouver une bonne alimentation au village et évite l’exploitation des ressources forestières.
Les espèces d’ignames dans la forêts croissent grâce à l’absence de cueillette.
Le nombre de trous et d’excavations laissés par les cueilleurs d’igname dans la forêt sont considérablement réduits. La culture d’igname constitue un moyen de valorisation du peu de ressources dont disposent les vulnérables (lopin de terrains ou terrains marginaux, peu de temps…). L’igname devient une référence dans certaines zones car “être producteur d’igname” devient une étiquette et un métier.
RASOANARIVO Hariliva, Conseiller en Réduction de la Vulnérabilité
PROGRAMME SAHA/ INTERCOOPERATION SUISSE
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